«
Pour réveiller les gens, c’est seulement par des histoires…
» nous dit Rabbi Nah’man
« Pour différencier entre la lumière
et les ténèbres (Gen. I :4). Le Midrash (Berechit Rabbah
20) explique : « la lumière fait allusion aux ma’assim
des Tsaddikim, et les ténèbres à ceux des pécheurs.
»
Le mot « Ma’assim » a en hébreu un double sens
: actes et récits.
L’enseignement du Midrash est donc qu’il existe des différences
comme celles du jour à la nuit non seulement dans les actes des
gens, mais également dans leurs histoires.
Nos Sages surent que dans les dernières générations,
les juifs seraient exilés et tomberaient dans une léthargie
profonde.
« Le soleil étant sur son déclin, une torpeur s’empara
d’Abram, tandis qu’une angoisse sombre et pénétrante
pesait sur lui. » (Gen. I5 :I2)
La torpeur, l’angoisse, l’obscurité, c’est la
vision des quatre exils. La chute est symboliquement représentée
par le sommeil (Berechit Rabba 44 :I6).
Nombreux sont ceux qui sont tombés dans un sommeil profond. Il
y a ceux qui croient servir Dieu mais qui en fait somnolent. En vérité
les années s’écoulent et que leur restent-ils à
la fin ? Il y en a d’autres qui sont si profondément endormis,
qu’ils ne savent même pas qu’ils dorment (Likkoutey
Moharan 60).
Pour réveiller ces gens, nous dit Rabbi Na’hman, «
c’est seulement par les Histoires ».
La Torah est une forte lumière qui peut illuminer les ténèbres
les plus obscures.
De même qu’une personne privée de lumière durant
une longue période ne pourrait s’exposer de but en blanc
aux rayons solaires, ainsi la personne ignorante de Torah, ne peut s’en
imprégner qu’à condition de la voir voilée
préalablement.
Le voile de la Torah se sont les Maassiot, les histoires. Ces histoires
ont une portée telle qu’elles peuvent atteindre même
ceux qui sont encore infiniment éloignés de Dieu, les réveiller
et les faire revivre.
Nos Sages eux-mêmes utilisaient cette méthode. Le Midrash
nous rapporte (Esther Rabba I) : « Lorsque Rabbi Akiba, donnant
un cours, sentit ses élèves somnoler, il leur raconta l’histoire
suivante pour les réveiller : ‘Pourquoi Esther méritait-elle
de régner sur 127 pays ?’ etc… »
Un autre exemple nous est donné (Shir Hashirim Rabbah I), lorsque
Rabbi Yehoudah, le prince, dénota dans son auditoire un début
de somnolence, il interrompit son discours et déclara à
brûle-pourpoint : « Une femme, en Egypte, a donné naissance
à 600.000 enfants ! » Quand les élèves, extirpés
de leur torpeur, demandèrent de qui il s’agissait, il répondit
alors : « C’est Yocheved qui donna naissance à Moché
Rabénou, lequel équivalait aux 600.000 juifs d’Egypte.
»
Lorsque Rabbi Na’hman zal commença ses récits, il
déclara : « Je vais vous raconter des contes… »
Il agit ainsi car, selon lui, dans ces générations si éloignées
de Dieu, le seul remède pour le servir était de présenter
même les plus grands secrets de la Torah sous formes d’histoires
pour avoir l’impact nécessaire à notre guérison.
Il voulait de plus que son enseignement fût accessible à
tous et c’est pourquoi il demanda qu’il fût rédigé
en Yiddish et en Hébreu.
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